Le Vélotaf, une solution aussi dans les campagnes
Le vélotaf est par définition, l’utilisation de son vélo comme moyen de transport pour ses trajets quotidiens de son domicile à son travail ou pour ses déplacements professionnel.
Le terme "vélotaf" est apparu au début des années 2000. C’est un mot valise qui contient "vélo" et "taf". L’étymologie de "taf" est incertaine. On le sait, le mot désigne en argot, un emploi, un métier. Mais est-il issu de "taf" qui signifiait "peur" au XIXe siècle ? Ou de "taff" qui renvoie à la bouffée d’une cigarette ? En anglais, "vélotaf" se dit "bike-commuting". En québécois, "vélo-boulot".
Pour Bouticycle, nous avons interviewé Etienne Demur : Un pratiquant et militant cycliste qui nous explique comment il organise ses trajets quotidiens en Camargue entre son domicile et l’usine.
En partant au boulot, il croise des flamants roses, Etienne Demur est un "vélotafeur des champs", un cycliste rural qui se rend au travail à vélo.
Cet animateur de production en usine roule 20 kilomètres aller et autant au retour entre les communes d’Aigues-Mortes et d’Aimargues. Le trentenaire prouve ainsi que le "vélotaf" n’est pas réservé aux grandes villes.
A condition, bien sûr de savoir s’organiser. Nous l’avons interrogé sur sa pratique.
Le vélotaf à la campagne est-il plus simple ou plus difficile qu'en ville ?
Contrairement à la plupart des villes qui font des efforts en créant des pistes cyclables, ici, il faut se débrouiller seul sur des routes de campagne. Pour commencer, une première question à se poser avant de débuter le vélotaf est "où faut-il aller ?" Les panneaux indicateurs n'existent pas pour les cyclistes. J'ai appris à tracer mes propres routes.
Comment circuler sans piste cyclable ?
Oublions d’emblée la fameuse grande route très fréquentée et donc dangereuse. Celle qui fait hésiter les ruraux à se mettre au vélo. Non, je ne roule pas sur une 2x2 voies ! En réalité, il y a pleins d’itinéraires souvent méconnus. De mon côté, j’alterne entre une petite portion de la D46, que je ne peux hélas pas éviter, et des routes plus tranquilles, voire des chemins agricoles pas toujours asphaltés. Il y a toujours de nouveaux itinéraires, il m’arrive d’en découvrir grâce à l’application GéoVélo. Il m’arrive d’essayer des variantes et de faire des détours pour observer les changements de saison ou donner à manger aux chevaux.
Vous utilisez quel modèle de vélo ?
Un modèle "offroad" robuste situé entre le VTT et le VTC. J'ai pris l'assistance électrique. Dans notre région, le VAE permet de contrer les effets du mistral. Elle garantit aussi d'arriver à l'heure au boulot. Je roule à 25 km/h à chaque fois, pas de mauvaise surprise.
Les trajets en zone rurales sont-ils dangereux ?
En ville, le risque typique provient de l’angle-mort et des intersections sur un rond-point : s’ensuit une chute à 20 km/h qui peut être moins grave. A la campagne, si on est confronté à un camion lancé sur une ligne droite, l’issue est plus souvent fatale. D’où l’enjeu de bien choisir son itinéraire. Jusqu’à présent je suis chanceux. Le seul danger que je rencontre, ce sont les lapins qui se jettent dans mes roues !
Vous militez pour plus d'aménagements cyclistes à la campagne ?
Les collectivités sont plus ou moins avancées dans la réflexion sur les schémas d'aménagement. Je participe à de nombreuses réunions [Etienne Demur est Vice-Président de la Fédération française des usagers de la Bicyclette, co-président du Collectif Vélo d'Occitanie et président d'Aigues-Mortes à vélo]. Nous avons besoin de plus de pistes cyclables, de plus de panneaux de signalisation, de plus d'arceaux pour garer son vélo. Dans la commune où je travaille, on compte des bornes de recharge électriques pour les voitures mais un seul arceau - c'est devant un fastfood !
La population rural peut-elle se convertir au vélotaf ?
Pour des gens qui se sont déplacés en voiture toute leur vie, le vélo est encore perçu comme un objet de loisir. Les freins demeurent avant tout culturels. Mais je pense que le vélotaf peut être une alternative à la voiture. Une solution dans les campagnes où le train ne passe que 3 fois par jour et le bus une fois par heure. Le VAE peut aider les gens à se lancer. Tout d'un coup, le monde s'éclaire et on se dit "je peux aller loin !". Le vélotaf à la campagne apporte une liberté extraordinaire dans des paysages magnifiques. Quand je pense que des touristes payent cher pour faire une fois la balade que je m'offre tous les jours.
Et en ville ?
Les 5 villes françaises où on "vélotaf" le plus. En % de la poluation selon Smappen - entreprise de données - sur la base de l'enquête INSEE 20219. 1- Grenoble 17,45% 2-Strasbourg 17,02% 3-Bordeaux 14,21% 4-La Rochelle 12,22% 5-Rennes 10,33%